Tuer Bill: volume 2 Affiche de film

Tuer Bill: volume 2

Kill Bill: Vol. 2

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Critique

Ah bien! Ça, c’est du Tarantino. J’avais beau avoir bien aimé Kill Bill vol.1, le film ne m’avait pas renversé comme les autres productions de Tarantino. Il ne m’avait pas fait «flipper» si je puis dire. Trop de style sans contenu, aucun des dialogues électrisants auxquels QT nous a habitués, trop de recyclage et pas assez d’invention. C’était un film énergique, vibrant et éclaté, certes, mais pas à la hauteur de ce que Quentin Tarantino nous avait précédemment offert. Avec son Volume 2, QT renverse la vapeur complètement : il garde toutes les qualités du premier volet mais prend soin d’en combler tous les défauts!

La fiancée jouée par l’incomparable Uma Thurman poursuit toujours sa quête pour se venger de Bill, l’homme qui l’a laissée pour morte la veille de son mariage. Une ou deux surprises attendent pourtant la grande vengeresse blonde…
Le film débute avec un retour sur les événements de ce jour fatidique, tourné comme si Leone s’était réincarné en Tarantino. Il use même de la musique d’Ennio Morricone! Dès lors, c’est reparti pour un voyage au centre des influences de QT mais un voyage cette fois rempli d’émotions variées, une odyssée à la fois hilarante, captivante, excitante et même émouvante! Une certaine profondeur est de retour, les dialogues captivants aussi. QT avait des choses à dire, finalement, c’est seulement qu’il les avait toutes réservées pour ce second volume.

Le fait d’avoir été séparé en deux films porte vraiment ombrage au premier volet et c’est à la lumière du second qu’on s’aperçoit à quel point. Ce qui apparaissait frivole, chaotique même, prend sa signification à la vue de l’oeuvre complète. Je suis convaincu que monté en un seul film et ramené à environ deux heures trente, Kill Bill serait un chef-d’œuvre moderne, une distillation de trois décennies de cinéma de masse revues et corrigés par la folie de Tarantino. Séparé en deux, Kill Bill devient un bon film suivi d’un superbe où QT semble avoir réagi aux critiques et effectués quelques corrections (expliquant peut-être le report de 2 mois).

Car Kill Bill dans son entier, c’est avant tout un véritable cours de « cinéma d’exploitation* 101 » que nous donne le cinéaste, diluant ses influences des années 50, 60 et 70. Si le premier volet était surtout influencé par l’Asie, le second relève plutôt de l’ouest américain, surtout tel que vu par le cinéma italien. C’est aussi une distillation des leçons et messages du cinéma d’exploitation d’époque. Le film résonnera encore plus chez les cinéphiles qui connaissent les oeuvres de Russ Meyer, des Shaw Brothers, de Leone et des sous-Leone comme Sergio Corbucci et Giulio Questi. On pourrait passer plusieurs pages juste à citer les influences et hommages dans Kill Bill mais là ne tient pas tout l’intérêt du film.

Voilà probablement l’œuvre la plus achevée de Tarantino au niveau émotif. Il va maintenant au-delà de l’épate stylistique et de l’habileté visuelle : une trame émotionnelle très forte renforce Kill Bill, en grande partie grâce au travail superbe d’Uma Thurman et de David Carradine, qui n’a jamais été meilleur (espérons que Warren Beatty se mord les doigts d’avoir refusé le rôle de Bill). De fait, tous les interprètes impliqués se donnent à fond et offrent des moments mémorables, de Darryl Hannah à Gordon Liu en passant par Michael Madsen et Michael Parks (de retour du premier volet mais dans un nouveau rôle).

Le rythme est moins frénétique cette fois et cela laisse plus de place aux acteurs et aux dialogues savoureux, pour notre plus grand bénéfice. Ce second volet est donc en tous points supérieur au premier et réconciliera tous les fans de Tarantino qui ont trouvé à redire sur le premier volume. Kill Bill vol.2 c’est du Tarantino tout aussi inventif mais plus sage, plus posé, aussi concerné par le contenu que le contenant. Quel délice!

par Nicolas Lacroix

vu en version originale anglaise


*Cinéma d’exploitation : cinéma pour la masse, à tendance un peu outrancière ou sensationnaliste et aux valeurs artistiques discutables. Cinéma de genre, à petit budget, parfois appelé cinéma bis.

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